Les moisissures ne sont pas toutes les mêmes!

Au cours des dernières semaines, nous avons reçu des questions au sujet des " moisissures ". Les moisissures peuvent désigner soit le mildiou ou le blanc, et il semble que des producteurs confondent ces deux types. Bien que les deux causent l'apparition d'un feutre velu sur le feuillage, là s'arrête leur ressemblance. Le mildiou et le blanc sont des maladies différentes appelant des stratégies de gestion distinctes; confondre les deux peut être une erreur coûteuse.

Le mildiou et le blanc affectent couramment une grande variété de fruits et de légumes et même certaines plantes de grande culture. Ils sont généralement assez spécifiques et n'attaquent que quelques cultures étroitement liées. Par exemple, le mildiou du basilic n'affectera pas les cucurbitacées, et vice-versa. Certaines cultures sont touchées tant par le blanc que le mildiou.

Bien que les infections de mildiou soient souvent considérées comme des maladies fongiques, les agents pathogènes en cause sont plutôt des champignons aquatiques, davantage associés à certaines algues. Les infections de mildiou ne peuvent se développer qu'en présence d'eau libre sur la surface du feuillage, ce qui explique pourquoi ces maladies sont plus présentes par temps pluvieux et, pour certaines cultures, sont absentes au cours des saisons sèches. Pour la plupart des cultures, l'infection prend la forme de lésions angulaires jaunâtres ou vert olive sur le dessus des feuilles (Figure 1) et d'une sporulation blanche, grise, pourpre ou foncée sur le dessous (Figure 2). Cette sporulation n'est pas toujours présente et est plus facilement observée lorsque la surface du feuillage est mouillée ou tôt le matin, avant que les spores ne soient emportées par le vent. Après une période de 1 à 3 semaines, les feuilles touchées meurent ou se détachent du plant. Les infections de mildiou sont souvent plus dévastatrices que les infections de blanc, et peuvent entraîner la perte totale du feuillage en l'absence d'un contrôle préventif. Les infections de mildiou sont beaucoup plus difficiles à contrôler que celles du blanc.

Figure 1 : Symptômes précoces de mildiou sur basilique : jaunissement à l'intérieur d'une partie de la feuille circonscrite par des nervures.

Figure 1 : Symptômes précoces de mildiou sur basilique : jaunissement à l'intérieur d'une partie de la feuille circonscrite par des nervures.

Figure 2 : Tôt le matin, la sporulation sur la surface inférieure d'une feuille de basilic infectée prend une apparence de mildiou. Les spores disparaîtront plus tard dans la journée.

Figure 2 : Tôt le matin, la sporulation sur la surface inférieure d'une feuille de basilic infectée prend une apparence de mildiou. Les spores disparaîtront plus tard dans la journée.

En revanche, les infections de blanc sont causées par diverses espèces de champignons. Les températures modérées et une forte humidité favorisent la propagation du blanc. L'infection peut se produire en l'absence d'eau libre, de sorte que la maladie peut se propager sans que le temps ne soit pluvieux. L'infection débute généralement vers la fin de l'été, lorsque le feuillage est déjà affaibli et que l'humidité est plus élevée autour des feuilles, dans le feuillage dense. Le blanc prend la forme d'une moisissure blanche ou grise d'apparence poudreuse, qui peut apparaître n'importe où sur la feuille, bien que plus couramment sur la face supérieure (Figure 3). La moisissure croît surtout sur la surface de la feuille. Les symptômes peuvent prendre d'abord l'apparence de taches vaguement circulaires au début, mais, plus tard, toute la surface de la feuille sera couverte uniformément par la moisissure. Après quelques semaines, le feuillage continue de s'affaiblir, jaunit et meurt, mais la progression est généralement plus lente que pour le mildiou. Les espèces de blanc croissent et produisent des spores sur la surface de la feuille, alors que le mildiou croît à l'intérieur du tissu foliaire : seules les spores sont produites à la surface.

Figure 3 : Symptômes de blanc sur topinambour. L'infection a progressé pour couvrir toute la surface foliaire. Plus tard, les feuilles vont jaunir et se détacher du plant.

Figure 3 : Symptômes de blanc sur topinambour. L'infection a progressé pour couvrir toute la surface foliaire. Plus tard, les feuilles vont jaunir et se détacher du plant.

La lutte contre ces maladies en production biologique peut être très ardue. Les fongicides homologués acceptables en lutte biologique sont relativement peu nombreux, et ceux utilisables contre les deux types d'infection le sont encore moins. Avant d'appliquer quelque produit que ce soit, les producteurs doivent s'assurer que le produit est homologué par l'ARLA pour usage au Canada et autorisé par leur organisme de certification.

Il existe plus de produits homologués pour lutter contre le blanc que le mildiou, mais la plupart ne vont qu'atténuer l'infection et non l'éradiquer. La plupart de ces produits n'auront pas d'effet sur le mildiou. De même, les pesticides maison seront probablement plus efficaces contre le blanc, car presque toutes les recettes populaires n'agissent qu'au contact et, puisque le blanc croît à la surface de la feuille, le contact peut se faire facilement. Ces recettes n'agiront guère sur le mildiou, puisque le pathogène croît à l'intérieur de la feuille, où le produit ne peut l'atteindre. Le cuivre est un exemple de pesticide acceptable en culture biologique capable de limiter ou d'éradiquer les deux maladies. Cependant, un usage excessif de cuivre peut endommager la microflore du sol et, pour certaines cultures (p. ex. les cucurbitacées), il peut même être phytotoxique. De plus, le mildiou et le blanc sont causés par différentes espèces et apparaissent sur différentes cultures, de sorte que les stratégies de gestion efficaces pour une culture ne le sont pas nécessairement pour une autre.

Outre le cuivre, très peu de pesticides acceptables en culture biologique offrent un certain contrôle sur le mildiou. Des études menées à l'Université de Guelph sur différents produits appliqués sur le mildiou du basilic sur une période de trois ans n'ont pas permis de découvrir de pesticide acceptable en culture biologique permettant plus qu'une faible réduction dans la rigueur de la maladie. Le principal outil de gestion biologique du mildiou et du blanc consiste à atténuer ou à éviter les conditions favorisant l'apparition hâtive de la maladie ou des infections graves. À cette fin, il faut choisir, s'il en existe, des cultivars moins vulnérables à la maladie la plus prévalente ou la plus néfaste pour vos cultures et votre ferme, espacer les plants pour éviter que le feuillage ne soit trop dense et limite l'aération, éviter l'aspersion en hauteur et disposer les plantations en milieu ouvert, exposé aux vents dominants. Dans certains cas, on pourra enlever et détruire les premières feuilles ou tiges infectées pour réduire l'inoculum et retarder le début de symptômes graves, mais cette stratégie nécessite un dépistage fréquent et rigoureux.


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