Mortinatalité et survie des veaux
Le taux de mortinatalité croît à un rythme
constant, mais vous pouvez prendre des mesures pour le réduire
dans votre ferme.
Vous pourrez bientôt améliorer vos chances de voir un veau
vivant sur ses pattes, particulièrement d'une vache primipare,
en examinant attentivement dans les épreuves de taureaux les taux
de survie des veaux, qui seront publiés au début de 2008.
Des chiffres récents suggèrent que la mortinatalité
chez les Holstein canadiennes est en hausse, bien que les raisons précises
ne soient toujours pas connues.
Les statistiques du Réseau laitier canadien publiées l'année
dernière indiquent que l'incidence de mortinatalité chez
les Holstein lors des premiers vêlages a grimpé de 10 à
12 pour cent pendant les cinq dernières années. À
six pour cent, le taux de mortinatalité des vaches à leur
deuxième vêlage et aux suivants est moindre, mais quand même
un peu plus élevé que le taux précédent de
cinq pour cent.
Ces chiffres signifient que presque huit pour cent de tous les veaux
sont mort-nés ou ne survivent pas plus de 24 heures. Cependant,
les statistiques ne font pas la distinction entre la mortinatalité
due à la génétique et celle due à la gestion
de la ferme ou à d'autres facteurs qui pourraient indiquer pourquoi
les taux augmentent.
Les données sur la mortinatalité d'autres parties du monde
sont semblables aux statistiques canadiennes. Des recherches antérieures
aux États-Unis ont révélé que l'incidence
de mortinatalité est passée de 9,5 pour cent en 1985 à
13,2 pour cent en 1996. Des recherches suédoises font état
d'un taux de mortinatalité d'environ 10 pour cent chez les Holstein
suédoises au premier vêlage.
À l'opposé de ces résultats, une récente
étude norvégienne sur les difficultés de vêlage
et la mortinatalité chez les Norvégiennes rouges révèle
que le taux de mortinatalité était de trois pour cent au
premier vêlage et de 1,5 pour cent au deuxième vêlage
et aux suivants. Ce taux est resté le même entre 1978 et
2004.
Dans l'étude suédoise, les Holstein suédoises avaient
un taux de mortinatalité de 10 pour cent, le double de celui des
Pie rouge suédoises. Les races rouges de Scandinavie semblent avoir
en commun une faible mortinatalité ou un bon taux de survie des
veaux.
Le Canada, la Norvège et la Suède définissent la
mortinatalité lorsque le veau est mené à terme, ou
au moins plus longtemps que 260 jours, et qu'il est mort-né ou
ne survit pas au-delà de 24 heures. Les États-Unis et certains
autres pays incluent dans la mortinatalité les veaux qui meurent
moins de 48 heures après le vêlage. On peut s'attendre à
ce que les États-Unis aient des moyennes légèrement
plus élevées que celles publiées au Canada, en Norvège
et en Suède.
La mortinatalité, comme les difficultés de vêlage,
est un problème beaucoup plus fréquent au moment des vêlages
à la première lactation qu'aux vêlages suivants. Son
incidence à la deuxième lactation et aux suivantes chute
à la moitié ou moins de celles survenant aux premières
lactations.
Ce taux de mortalité élevé chez les veaux coûte
cher à l'industrie. En Ontario, avec une population de 340 000
vaches laitières, environ 300 000 veaux naissent chaque année.
Si 30 pour cent de ces veaux sont de première lactation, il s'agit
alors de 90 000 naissances. En réduisant le taux de mortinatalité
de 12 pour cent à celui des Norvégiennes rouges, soit à
trois pour cent, on obtiendrait 8 100 veaux vivants de plus des premiers
vêlages. En réduisant la mortinatalité aux deuxièmes
vêlages et aux suivants (soit 210 000 vêlages) de 6 à
1,5 pour cent, on produirait 9 450 veaux supplémentaires.
Au total, 17 550 veaux de plus resteraient en vie. Si nous attribuons
une valeur de 150 $ à un veau mâle et de 400 $ à un
veau femelle, la perte totale ou potentielle en comparaison des taux norvégien
s'élèverait à 4,8 millions de dollars par année
en Ontario.
Une étude de l'université Cornell publiée cette
année donne un portrait encore plus sombre. Dans une étude
portant sur sept grandes fermes laitières, des chercheurs ont constaté
que les vaches ayant connu une mortinatalité courent un risque
beaucoup plus grand de réforme ou de mort pendant la lactation
suivante. La médiane de la période sans saillie augmentait
de 88 jours en comparaison des vaches qui ont eu des veaux vivants. Ils
en ont conclu que les pertes dues à la mortinatalité dépassaient
largement la seule valeur des veaux.
La mortinatalité est influencée en partie par le veau [directe]
et en partie par la mère [maternelle]. La recherche a démontré
qu'il y a peu ou pas de lien entre les gènes de la mère
ou du veau et la mortinatalité, et certaines études font
état d'un rapport négatif. Pour faire des progrès
dans la sélection, nous devons examiner les caractères héréditaires
des deux.
L'héritabilité de la mortinatalité est jugée
faible. Les Norvégiens l'ont évaluée entre 0,07 et
0,08 pour cent, semblable, quoique légèrement inférieure
à l'héritabilité de la facilité de vêlage.
Les recherches norvégienne et canadienne ont relevé de nombreuses
variations génétiques. La sélection du géniteur
pour améliorer la survie du veau et réduire la mortinatalité
est donc possible avec le temps.
Dans son indice national de sélection, la Norvège n'attribue
qu'un point de pourcentage à la mortinatalité. Avec un tel
pourcentage, il y a peu d'intérêt à investir des efforts
dans la réduction du taux de mortinatalité. Dans des pays
avec des niveaux plus élevés, par contre, les caractères
de survie du veau méritent davantage d'attention.
L'incidence de mortinatalité est étroitement liée
aux difficultés de vêlage. Selon l'étude norvégienne,
les difficultés de vêlage maternelles sont corrélées
avec la survie maternelle, et les difficultés de vêlage directes,
avec la survie directe. Les difficultés de vêlage augmentent
la probabilité de mortinatalité, due principalement aux
traumatismes et à l'anoxie, soit le manque d'oxygène.
Cependant, l'examen post-mortem des veaux mort-nés dans le cadre
de recherches a permis de constater que la moitié des décès
n'étaient pas imputables aux difficultés de vêlage.
De plus, aucune cause de décès n'a pu être déterminée
chez le tiers des veaux, ce qui devrait justifier des recherches plus
poussées pour trouver une ou des causes.
Un vaste essai de croisement est en cours au Canada avec des géniteurs
de la race Norvégienne rouge et des Holstein canadiennes, mais
il est trop tôt pour tirer des conclusions sur la facilité
de vêlage ou l'incidence de mortinatalité. Des essais de
croisement en Californie ont démontré que des veaux croisés
issus de pères de races rouges de Scandinavie et de vaches Holstein
primipares avaient moins de difficultés de vêlage et une
faible incidence de mortinatalité. Les vaches croisées primipares
avaient également une incidence de difficultés de vêlage
de seulement trois pour cent et une incidence de mortinatalité
de 5,1 pour cent, comparativement aux vaches Holstein qui avaient des
taux de 17,7 pour cent de difficultés de vêlage et de 14
pour cent de mortinatalité.
Les éleveurs canadiens disposeront bientôt de données
prouvées sur les caractères de survie des veaux la survie
directe des veaux, une mesure du taux de survie de la progéniture
d'un taureau, et la survie maternelle des veaux, une mesure de la capacité
des filles d'un taureau de donner naissance à des veaux vivants.
Les caractères maternels et directs détermineront tous deux
vos possibilités de voir votre veau sur ses pattes, alors portez
attention aux deux. À l'avenir, les caractères de survie
du veau seront également inclus d'une façon ou d'une autre
dans l'indice de profit à vie pour permettre une sélection
globale dans le but d'améliorer la survie des veaux au Canada.
En sélectionnant un géniteur pour vos vaches primipares,
vous pourriez considérer les données sur la facilité
de vêlage et la survie des veaux. Vous devriez également
déclarer toutes les mortinatalités, des mâles et des
femelles, pour contribuer à l'exactitude des renseignements génétiques
canadiens.
Les connaissances apportées par ces études, particulièrement
celles portant sur les vaches primipares, peuvent vous aider à
assister celles-ci au moment du premier vêlage pour améliorer
les chances d'obtenir un veau vivant. Discutez avec votre vétérinaire
de la meilleure stratégie pour réduire au minimum les problèmes
de vêlage et les pertes de veaux, et pour optimiser leur survie.
Références :
Heringstad, B., Y. M. Chang, M. Svendsen et D. Gianola. " Genetic Analysis of Calving Difficulty and Stillbirth in Norwegian Red Cows ", Journal of Dairy Science, no 90, 2007, p. 3500-3507.
Steinbock, L., A. Nashlm, B. Berglund, K. Johansson et J. Philipsson. " Genetic Effects on Stillbirth and Calving Difficulty in Swedish Holsteins at First and Second Calving ", Journal of Dairy Science, no 86, 2003, p. 2228-2235.
Bicalho, R.C., K. N. Galvao, S. H. Cheong, R. O. Gilbert, L. D. Warnick et C. L. Guard. " Effect of Stillbirths on Dam Survival and Reproduction Performance in Holstein Cows ", Journal of Dairy Science, no 90, 2007, p. 2797-2803.
Cet article a été initialement publié dans la chronique
" Ruminations " de la revue The Milk Producer Magazine, édition
d'août 2007.
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